The Gathering

Les portes n'allaient pas tarder à se refermer et, il était temps d'aller manger dans la cabane en bois qui servait de réfectoire, pour avaler la soupe de tomates que le maton avait confectionné pour tous les blocards. Apparemment les heures du dîner étaient très précises ici, et mieux vaut s'y rendre maintenant, avant que les gloutons n'ingurgitent déjà tout. Le groupe se dirigea alors vers la cabane. Tous les blocards se regroupèrent dans la pièce et s'installèrent à une table. Les différentes espèces n'avaient pas l'habitude de se mélanger pendant le repas. Les filles furent installées à une table au fond tandis que les Matons discutaient entre eux. Ils faisaient le topo de la journée et décidèrent d'interroger chaque nouvelle arrivante une fois le plat terminé et les assiettes vides. Trop de questions se bousculaient parmi le rassemblement.    

La jeune femme entra enfin dans la grande cabane en bois et découvrit une quarantaine de blocards à l'intérieur. Il y avait cinq ou six tables tout au plus, avec un comptoir placé au devant suivi d'une porte qui menait sûrement à la cuisine.  « Chaud devant ! Mettez-vous à table les tocards avant que ça refroidisse. » Poêle-à-frire s'affairait à servir les plats avec l'aide d'Abigail et d'un autre blocard, qui jouaient les serveurs. Chanel fût l'une des dernières à s'asseoir sur l'un des bancs. Elle s'installa à côté de Thomas. En face se trouvait Newt et Minho, ainsi que les autres Matons qu'elle ne connaissait point. Un jeune homme déposait des assiettes devant eux et s'asseyait à son tour. En se retournant, la jeune humaine apercevait les autres filles qui étaient toutes regroupées ensemble à une table, disposée un peu plus loin. Elle pensait alors qu'elle s'était installée à la mauvaise table vu les regards surpris et interrogateurs qu'on lui lançait. Elle voulait donc se relever afin des les rejoindre, mais une main posée sur son poignet l'en empêchait. « Toi, tu restes ici bien sagement. J'ai quelques questions à te poser. » Le blondinet rencontré quelques heures plus tôt, la fît se rasseoir et entama sa soupe tranquillement comme si de rien n'était. Le brun à côté de lui la fixait étrangement comme si elle était l’intrus à la table, bien que ce soit une part de vérité. Thomas lui adressa un léger sourire comme pour la rassurer, et tous les blocards commencèrent à manger. La brune prenait alors sa cuillère et la plongea dans le velouté orangé. C'était plutôt bon, même délicieux. Il se trouva que la jeune femme avait faim. En dégustant son plat, elle se rendit compte que pour une fois l'ambiance était conviviale malgré les nombreuses interrogations, et surtout, elle n'avait plus envie de fuir. Une fois l'assiette entièrement vide, elle croqua dans un morceau de pain et apercevait Alec placé non loin, en tournant la tête. Elle lui fît un léger signe de la main. Lui et Thomas étaient les seuls blocards qui s'étaient montrés gentils avec elle depuis son arrivée. Maintenant il faut juste apprendre à connaître les autres. Elle repositionna ensuite son regard sur les jeunes hommes juste en face en leur adressant un rictus. Pas vraiment un sourire, pas tout à fait de la satisfaction. Mais presque. Et pour l'instant, "presque" suffisait largement.

Le dessert fût ensuite servi pour leur plus grand plaisir. Le cuisinier avait opté pour une salade de fruits colorée. Les blocards papotant la bouche pleine, donnaient des conversations pas toujours facile à suivre. « Ce tocard a plus de tripes que j’en ai vu grésiller dans ma poêle depuis un an. Allez, c’est ridicule il a sauvé Aiden et réussi à tuer un foutu Griffeur, et on est assis là, à discuter de ce qu’il faut faire de lui. » Elle tendait l'oreille pour écouter brièvement la discussion entre Minho le chef des Coureurs et Poêle-à-frire. « Sa copine a l'air d'en savoir plus que nous. J'ignore qui elle est mais Tommy semble la connaître. » Chanel s'agitait sur son siège. Elle paraissait autant à sa place qu’une carotte sur un plant de tomates. Newt remarqua rapidement son agitation et la toisa du regard. « Quoi ? Je suis si irrésistible que ça ? » La jeune femme entendit Thomas ricaner à côté tandis que les blocards en face terminaient calmement de boire leur verre d'eau, prêts à faire une annonce.

Aiden n'étant toujours pas remis de son attaque de la veille, Newt du se résoudre à faire quelque chose. Une grande partie des matons disaient de Thomas qu'il avait agit avec bravoure et qu'il méritait amplement de rester au bloc. Evidemment, il avait sauvé Aiden et tué un Griffeur, ce qui n'était jamais arrivé auparavant, mais il avait également brisé la règle numéro une des blocards qui est de ne pas se rendre dans le Labyrinthe. C'est pour cette raison que quelques matons souhaitaient son bannissement. Newt avait donc demandé à ce que tous les chefs se réunissent à la même table lors du repas. La réunion s'annonçait musclée compte tenu de l'agitation précoce des matons qui n'étaient décidément pas tous en accord les uns envers les autres. Les discussions fusaient dans le réfectoire, toutes les personnes, toutes espèces confondues, parlaient du récent exploit de Thomas. Newt s'installa en face de celui-ci en attendant que Poêle-à-frire se ramène avec le repas. Une fois les soupes servies, Minho commença à raconter sa version des faits, quand une jeune femme s'assit en face de Newt. Celui-ci leva les yeux toisa la fille qui paraissait énormément gênée, mais il pensa que si elle s'était installée ici, il y avait sûrement une raison. C'est uniquement quand il vit la complicité qu'elle avait avec Thomas qu'il comprit, ils se connaissaient. Le jeune homme avait tout de même quelques renseignements à demander à cette femme en ce qui concerne le cas de Thomas, elle paraissait en savoir beaucoup plus que ce qu'elle laissait paraître. Il décida de sortir tout ça de sa tête le temps de savourer sa soupe mais la jeune femme se redressa et fit grincer son siège, il la retint par le poignet. « Toi, tu restes ici bien sagement. J'ai quelques questions à te poser. » Satisfait de la voir se réinstaller sur son siège il pu enfin commencer son repas tranquillement. Il releva la tête après un coup de coude de Minho qui venait de faire une blague qui n'avait fait rire que lui, la fille les regardait et laissa apparaître un léger sourire, content de voir qu'elle n'avait pas l'air plus traumatisée que ça, il entama le débat concernant le sort de Thomas.

Le ton commença à monter quand le dessert arriva sur la table. Newt croqua de bon coeur dans la délicieuse pâtisserie qui lui avait été présentée. Il observait et écoutait les blocards avec soin pour être sûr de connaître tous les avis, puis voyant que la conversation n'avait ni de bout, ni de sens il prit la parole. « Sa copine a l'air d'en savoir beaucoup plus que nous. J'ignore qui elle est mais Tommy semble la connaître. » Les blocards s'étaient tus et la jeune femme ne cessait de s'agiter, éveillant tous les soupçons et confirmant, en quelques sorte, ce que venait de dire le chef du Conseil. Il la toisa, essayant de déceler ce qu'elle pouvait penser. « Quoi ? Je suis si irrésistible que ça ? » Thomas ricana, Newt restait septique et serrait la mâchoire en attendant que Minho termine son verre d'eau. Puis avec une lenteur presque exagérée, il se tourna vers ce dernier. « Qu'en penses-tu, Minho ? » « C'est vrai qu'elle n'est pas trop mal... » « Ta décision pauvre abruti, qu'est-ce que tu penses que l'on va faire de Tommy ? » Minho se tourna vers l'intéressé et lui adressa un signe de tête. « Je pense qu'il fera un excellent coureur. » Tout le monde se tu. Puis une giclée de fous rires fit raisonner la salle. « Fermez-la ! » L'assemblée se tu à nouveau, mais très vite des exclamations de mécontentement retentirent autour de la table. « Je propose que l'on demande à Mademoiselle ce qu'elle en pense, bien que sa réponse ne fasse aucun doute, je voudrais en connaître la cause. »

Les blocards autour commencèrent à parler dans tous les sens. Ils se posèrent tous les mêmes interrogations, concernant Thomas puis les arrivées inattendues des filles par la suite. Il y eu un moment de silence pendant un instant, ce qui lui permettait d'entendre la suite de la conversation. « Qu'en penses-tu, Minho ? » Elle ne comprenait strictement rien à leurs propos. « Ta décision pauvre abruti, qu'est-ce que tu penses que l'on va faire de Tommy ? » Le brun répondit qu'il ferait un excellent coureur. La jeune femme avait appris récemment que les coureurs étaient les seuls blocards qui pouvaient se rendre dans le Labyrinthe. La révélation du brun semblait faire rire les autres qui se mirent à brailler dans la pièce. « Fermez-la ! » L'autorité du blond était étonnante, quelques secondes à peine plus tard et l'assemblée s'était tu. Minho prit alors son verre et tapota dessus avec sa cuillère comme si il allait faire un discours. Apparemment il souhaitait interroger les nouvelles arrivantes. Le débat semblait ouvert à tous et certains étaient contre l'idée que Thomas soit un coureur. « C'est ça, et moi je suis là pour manger de la barbe à papa et te voler ta copine pendant qu'on y est. » Quelques jeunes hommes se moquaient autour et refusaient son admission dans ce rôle plutôt important au sein du Bloc. Newt les fit se taire à nouveau et s'adressa à la jeune femme. « Je propose que l'on demande à Mademoiselle ce qu'elle en pense, bien que sa réponse ne fasse aucun doute, je voudrais en connaître la cause. » Chanel afficha un air surpris. Pourquoi lui demandait-il son avis alors qu'elle ne connaissait absolument rien à leurs règles et à leur fonctionnement ? Les jeunes hommes placés à la table juste à côté en étaient bouche-bée. « Je suis impressionné ! Je te file 6 sur 10. Ça manque un peu de classe mais c’était bluffant, là tu m’as étonné. Et cool là ta grimace. Génial, trop rigolo ! » Son camarade riait en voyant les airs de certains qui étaient mécontents et outrés que l'on puisse demander l'opinion d'une nouvelle, et d'une femme qui plus est.

Chanel ne répondit pas immédiatement. Elle était encore plus gênée en remarquant tous les regards braqués sur elle. De toute évidence, les matons n'allaient pas la lâcher avant d'avoir obtenu des réponses. La brune se leva donc de son siège et s'appuya les mains sur la table en fixant Newt, puis Minho. « Très bien, vous souhaitez mon avis alors je vais vous le donner. J'ai crû comprendre que Thomas voulait être un coureur. Alors accordez-lui ce poste. » Elle se tourna vers ce dernier et lui fît un clin d’œil complice. Bien qu'elle ignorait les motivations de celui-ci, elle comprenait le fait qu'il veuille aider les blocards à trouver une sortie.  « Je sais que vous vous posez de nombreuses questions, moi aussi d'ailleurs. Mais je n'en sais pas plus que vous. » Elle enchaîna en admettant son ressenti. « J'avoue que j'ai un lien avec Tom, mais j'en ignore la raison. » Si elle doit se sentir coupable pour quelque chose, elle allait se sentir coupable pour ça. Sans doute qu'on allait certainement pas la croire et qu'ils pensaient qu'elle mentait. « Enfermez-moi si ça vous chante. » Les braillements reprirent de plus belle, et Chanel attendait calmement les prochaines questions, il fallait bien se montrer coopérative.

La fille se pencha au dessus de la table et fixa les blocards.
« Très bien, vous souhaitez mon avis alors je vais vous le donner. J'ai crû comprendre que Thomas voulait être un coureur. Alors accordez-lui ce poste. » Newt resta perplexe devant le cran de cette jeune femme. Cette dernière était plantée devant eux, avec un air de compétition incrusté sur son visage. « Je sais que vous vous posez de nombreuses questions, moi aussi d'ailleurs. Mais je n'en sais pas plus que vous. » Le jeune homme voulu rétorquer mais elle ne lui en laissa pas le temps.
« J'avoue que j'ai un lien avec Tom, mais j'en ignore la raison. » Newt ne voyait vraiment pas clair, les deux jeunes gens n'étaient là que depuis quelques jours, il ne pouvaient se connaître intimement. « Ils se donnent déjà des petits surnoms, c'est mignon... Tu ne traînes pas Thomas ! » Ce dernier lança un regard assassin à Minho qui s'esclaffa, fier de sa réflexion. Newt ne quittait pas la fille des yeux, essayant de déceler la moindre chose dans son regard. « Enfermez-moi si ça vous chante. ». Le jeune homme baissa enfin la tête, l'enfermer n'était pas la solution mais si cette jeune femme était autant folle - ou suicidaire - que Thomas, ce n'était peut-être pas une mauvaise idée, juste le temps de réfléchir. La fille se rassit calmement, consciente qu'elle venait de dire quelque chose qu'elle aurait mieux fait de garder pour elle. Newt s'enfonça dans son siège et se tourna vers Minho, puis vers les matons et enfin vers la brune. « T'enfermer ? Pas pour le moment, mais si tu insistes ça risquerait d'arriver, alors sois méfiante, et tiens toi à carreaux. » La jeune femme le regardait, incrédule mais Newt soutint son regard et elle baissa enfin les yeux. « Bon, Thomas, j'espère que tu es prêt parce que ta vie ici commence demain. » Minho avait réussi à détendre un peu l'ambiance.

Newt était tout de même bien décidé à comprendre ce qu'était cette nouvelle épreuve que leur lançaient les Créateurs, des femmes en plus... Il ne manquait plus que ça. La première idée qui lui vint en tête fût que les Créateurs, par un moment de pure gentillesse, avaient eu pitié des hormones de certains blocards présents dans le Labyrinthe. Mais il se ravisa très vite, les Créateurs n'avaient aucun moment de bonté, enfin... Pas qu'il ne sache. Minho lui donna un coup de coude, le sortant de sa torpeur, le repas était fini, la réunion aussi. « Nous te laissons pour le moment, mais méfie-toi. » Après un moment d'hésitation il ajouta « Bienvenue au Bloc. » Le jeune homme se leva et tendit une main enroulée d'un fin bandage à la fille. « Je suis Newt, si tu as des questions, tu peux t'adresser à moi... Mais je ne suis pas le seul, prends le comme tu le veux. » La jeune femme lui serra la main. « Ne va surtout pas croire que je te fais confiance, ce n'est pas le cas. » « Non, lui il ne fait jamais confiance à personne... » Minho lui donna une bourrade amicale dans le dos. « Et lui il ne ferme jamais sa gueule, mais on s'y fait... » Thomas éclata de rire devant la réflexion de son ami qui lui fit un signe de tête en confirmant.

La jeune femme observait la réaction de Newt qui semblait perplexe et qui affichait un air interrogateur. Elle n'aurait peut-être pas dû mentionner sa relation complice et fusionnelle avec Thomas mais au moins elle avait donné sa confirmation. Certes, elle n'avait pas encore découvert pourquoi elle s'était sentie aussi proche de lui dès son arrivée au Bloc, malgré tout cette sensation ne s'était point diminuée au fil des heures. C'est assez étrange de ressentir de l'affection pour une personne qu'on connaît depuis peu. Minho lança une réflexion presque déplacée qui ne fît rire que lui. Le co-leader des blocards la toisait du regard sans la lâcher d'une semelle. « T'enfermer ? Pas pour le moment, mais si tu insistes ça risquerait d'arriver, alors sois méfiante, et tiens toi à carreaux. » La brune ne pu s'empêcher d'esquisser un léger sourire. Il venait indirectement de lui lancer une menace tout en continuant de la dévisager avec un air presque malsain et examinateur. On n'arrêtait pas de la prendre de haut ce qui rendait la situation particulière et embarrassante. Ce jeune homme semblait trouver cela amusant de jouer au chef et de la mépriser sans ménagement. « Nous te laissons pour le moment, mais méfie-toi. » Elle se mordait la lèvre nerveusement. « Tu as un problème Princesse ? » Ces adolescents sont vraiment agaçants et ce fût le mot de trop. Elle se releva brusquement et balança son verre d'eau sur Minho.

Chanel pensait qu'il allait riposter mais au lieu de ça, il se mit à rire. « Merci pour la fraîcheur, l’atmosphère commençait à s'embraser. » La jeune femme émit un léger gémissement d'énervement et de contrariété. « Bienvenue au Bloc. » Newt disait cela de façon naturelle et détendue comme si cela pouvait la rassurer. Or c'était tout le contraire. Mais remarquant son anxiété et son agitation qui refirent surface, le blondinet lui tendit la main amicalement en signe de politesse. « Je suis Newt, si tu as des questions, tu peux t'adresser à moi... Mais je ne suis pas le seul, prends le comme tu le veux. » Après tout, peut-être que les blocards sont plus sympathiques qu'elle ne le pensait, déjà faut-il le prouver. « Très bien, Newt. Si cela convient à monsieur je vais tenter prochainement de me calmer. » Elle utilisa un ton ironique en s'inclinant légèrement et gracieusement devant la table des Matons. « Chanel, pour vous servir. Mais inutile de me présenter, je suppose que tout le monde connaît déjà mon nom. » La jolie brune serra ensuite la main de son interlocuteur en guise de réconciliation. « Ne va surtout pas croire que je te fais confiance, ce n'est pas le cas. » Le brun à côté approuva tandis que son acolyte répliqua une nouvelle fois. « Et lui il ne ferme jamais sa gueule, mais on s'y fait... » Chanel se mit à rire. « Dans ce cas on est deux. » La jeune femme s'approcha alors du Maton des Coureurs pour lui tendre une serviette en papier et lui éponger doucement le front. Il n'avait reçu que quelques gouttes mais elle se sentait ridicule d'avoir réagit ainsi. Elle se réinstalla ensuite sagement sur son siège en jetant un coup d’œil à Newt. Elle avait parfaitement compris le fait qu'elle devait coopérer et s'intégrer gentiment aux règles et au fonctionnement du Bloc si elle ne voulait pas se retrouver enfermée une nuit. À vrai dire, elle commençait à avoir de l'admiration envers ces jeunes garçons qui étaient bloqués dans ce lieu depuis plusieurs mois pour la plupart. Ils avaient réussi à créer une communauté respectueuse et solidaire. Ce sont de vrais débrouillards.

La jeune fille s'appelait en fait Chanel, joli prénom pensa Newt. Chanel, donc, s'assit sur son siège et semblait avoir repris sa contenance. Le blondinet s'en voulait d'avoir été si rude avec elle, après tout, elle n'était qu'une fille, perdue au milieu d'un Labyrinthe géant et voulant se faire accepter. Ils étaient tous passés par là, mais elle, elle avait quelque chose de différent, elle était curieuse, tout comme Thomas. Celui-ci avait d'ailleurs eu du mal à respecter les règles et avait enfreint la principale, et si Newt ne voulait pas un nouveau soulèvement au sein des blocards, il se devait de faire régner l'ordre pendant l'absence d'Aiden. Cependant, il détestait jouer le méchant et pensait fortement que cette place le mettait trop en avant, ce qu'il n'appréciait vraiment pas. Mais les tocards ne savaient malheureusement pas se gérer seuls...

« Tu sais que j'avais déjà pris ma douche ? » Newt afficha un rictus devant l'air désolé que Chanel laissait paraître, elle avait du courage, pas tout le monde n'aimait se frotter à Mihno. Sauf lui, et apparemment Thomas. « Tu l'avais cherché, non ? » Tous les regards se tournèrent vers Thomas. « Tu la défends, que c'est mignon, ça me donnerait presque envie de chialer, je te jure mec. » Minho feint d'essuyer une larme lui coulant sur la joue. Newt se demanda comment ce tocard pouvait rester d'aussi bonne humeur après tous les événements étranges de ces derniers temps. Chanel, elle, ne disait rien et lui jetait un simple coup d'œil auquel il répondait poliment par un sourire. Minho se pencha à son oreille. « T'as un truc avec la nouvelle ? » Newt s'écarta et le contempla longuement, Minho paraissait perplexe puis le blondinet se pencha à son tour sur son ami. « Pas mon style du tout, trop sauvage. » Minho applaudit et rit, Newt le regardait, décidément désespéré. « Voila que Newt essaie de faire de l'humour, c'est une première ! » Deuxième douche de la soirée pour le maton des Coureurs qui semblait s'amuser de la situation. Cette fois, c'est Newt qui éclata de rire devant la tête décomposée de son ami. « Je vais te mettre une tarte mec, au sens propre. » Toute la table riait, la bonne humeur régnait pour la première fois depuis bien longtemps. « Ah non, on ne joue pas avec la nourriture, surtout quand j'ai passé l'après midi dessus ! » Cependant, la fille n'avait toujours pas ouvert la bouche et Newt se demanda pourquoi cette femme, qui avait été sarcastique toute la soirée se tairait dans le silence.

La brune observait les blocards autour qui commençaient à rire tandis qu'elle tentait de faire profil bas. Elle s'enfonçait dans son siège et baissait la tête pour éviter de croiser davantage les regards inquisiteurs. Remarquant son l'air désintéressé, Thomas prenait la parole pour la défendre. Comme à son habitude, Minho faisait encore une remarque déplacée qui ne la fît pas rire du tout. Il cherchait à se montre intéressant et attrayant, mais la jeune femme le trouvait beaucoup trop arrogant et sarcastique. Décidément cette bande de jeunes hommes ne savait absolument pas se comporter face à la gente féminine. Au lieu d'essayer d'être gentlemans ou sociables, ils étaient plutôt grossiers, goujats et indélicats. Elle doit reconnaître qu'ils ont fait preuve de maturité pour réussir à construire les structures du Bloc et pour créer une communauté solidaire, mais ce ne sont encore que des gamins pour la plupart d'entre eux. Elle posait ensuite de nouveau son regard sur Newt qui affichait un sourire incrédule. « Pas mon style du tout, trop sauvage. » Elle n'en croyait pas ses oreilles, ils venaient tout juste de faire leurs commentaires à son égard et à voix haute sans ménagement. Un manque total de respect, mais cela fît rire aux éclats tous les blocards de la table excepté Thomas. « C'est moi qui vais te mettre une tarte si tu continues alors boucle-la avant que je te file une bonne raclée. » Elle pesait ses mots avec une telle assurance que cela en surpris plus d'un. « Félicitations, Minho. Tu vas officiellement devenir le premier d'entre nous à se faire botter le cul par une fille. » L'assemblée riait de nouveau et Chanel fît basculer son siège en se relevant brusquement. Elle aurait voulu sortir immédiatement de la pièce mais elle savait que certains allaient la suivre. Elle s'approchait alors de Newt en plongeant ses prunelles droit dans les siennes. « Alors écoutes-moi bien tocard, tu vas vite calmer ta bande de copains dégénérés ou je vais te faire bouffer ta langue, c'est clair ? » La jeune femme remarquait que les blocards le prenait à la rigolade plutôt que de tenter d'apaiser leur humeur agitée.

Elle cessait d'utiliser un ton poli et parlait de manière plus directe pour leur faire comprendre son ressenti. Elle ne prenait pas la peine de s'énerver davantage et préférait s'éloigner légèrement. Elle sortit de table et se dirigeait vers le comptoir non loin, à l'entrée de la salle. Elle s'adossait à un mur en tournant le dos aux blocards. La bonne humeur et les discussions fusèrent toujours entre les tables du réfectoire mais Chanel penchait plutôt pour un court moment d'isolement. Elle soupirait et passait nerveusement ses mains dans ses cheveux en signe d'agacement. La brune ne se reconnaissait plus. Elle changeait de comportement régulièrement et s'emportait beaucoup trop vite. Tous les événements récents lui avaient mis les nerfs à vif et elle culpabilisait désormais de s'être défoulée sur des jeunes hommes innocents, et qui étaient malgré tout dans la même situation. Trop de lamentations. « Allez reprends-toi Chanel. » se dit-elle. Elle sortit vite de ses pensées quand elle remarquait Newt qui venait la rejoindre.

Assis en bout de table le brun commençait à regretter de s'être attablé ici, tous les blocards se suspendaient aux lèvres de Minho, Newt et Chanel qui n'arrêtaient pas leur joute verbale, interrompant ainsi le calme habituel de leurs repas. Mais Alessandro avait fait exprès de s'asseoir ici, gardons nos amis près de soi et ses ennemis encore plus. Le vampire mâchait platoniquement en observant du coin de l'oeil Chanel. La brune avait un culot monstre, alors que les autres demoiselles s'étaient retranchées à une table au fond voilà que cette humaine crédule préférait rejoindre son petit ami prétendu, Thomas, à la table centrale. Ici seuls les blocards les plus respectés gagnaient un siège, mais lorsque Chanel se rendu compte de son erreur ce fut trop tard, les autres blocards venaient de la prendre dans leurs filets pour un interrogatoire. Alessandro esquissa un sourire sans piper mot, sa stratégie était simple : laissez les autres faire. Chanel n'avait besoin de personne pour se mettre le Bloc à dos, sa répartie un peu trop présente le faisait très bien toute seule.

Le brun observait ainsi la jeune humaine devenir l'objet de toutes les haines, seul Thomas prenait encore sa défense. Les autres blocards la regardait d'un oeil mauvais ou suspicieux, quelque chose ne tournait pas rond avec elle mais Alessandro sentait plus que de la traîtrise en la voyant. Quelque chose dans ses tripes remuait à chaque fois qu'il posait son regard sur elle, cette sensation ne se traduisait que par un mot, la vengeance. De quoi ? Il l'ignorait mais tout son être ne vivait plus que pour causer la perte de la brune, il le sentait en lui.

Mais avant toute bonne vengeance il fallait un bon repas. Alessandro se restaurait donc en suivant d'un air exaspéré l'interrogatoire qui tourna vite au règlement de compte, Chanel possédait un don certain pour se mettre en position délicate. Alors que quiconque à sa place aurait fait profil bas la demoiselle préférait se rebeller et rembarrer quiconque lui adressait la parole. « Alors écoutes-moi bien tocard, tu vas vite calmer ta bande de copains dégénérés ou je vais te faire bouffer ta langue, c'est clair ? » cracha-t-elle envers un des blocards. Ah quelle douce sympathie.... Alessandro, absorbé par son repas, n'avait même pas vu à qui la jeune femme s'adressait-elle en disant ses mots mais cette énième altercation tira le vampire de sa nourriture. Il posa sa fourchette en poussant un long soupire. Était-ce trop demander de pouvoir préparer sa vengeance autour d'un bon repas sans que quelqu'un n'aille l'ouvrir en injuriant tout le monde à côté ?

« Et si vous la fermiez, vous tous » déclara-t-il de son habituel ton neutre et détaché. « Voilà qu'Aless se réveille ! On interroge juste la fille ça te pose un problème ? » Le brun reprit sa fourchette et la pointa dans la direction du blocard qui venait de parler, celui-ci s'était pourtant fait discret pendant que Chanel parlait avec Minho et maintenant il décidait de l'ouvrir, charmant. « Exactement, vous m'emmerdez autant que vous l'emmerdez elle avec vos questions stupides, j'aimerais juste pouvoir manger en paix. Elle ne va pas s'envoler alors laissez lui au moins le temps d'un repas avant de l'assaillir avec toutes vos histoires idiotes »

La rigolade, ça va bien un moment, mais là, les blocards avaient perdu toute gentillesse et Newt tout contrôle sur eux. Leur manque de maturité l'amusait de temps en temps mais il y a des fois où il avait l'impression d'être leur mère. Chanel avait entendu ce qu'il avait dit à Minho, ce qui l'avait fortement irrité. C'est à ce moment précis que Newt aurait voulu se perdre dans le Labyrinthe tellement il se sentait mal à l'aise. Mais il fut vite sorti de ses pensées par le comportement complètement déplacé de ses camarades. Les uns faisaient des réflexions, les autres rabaissaient la jeune femme et Newt avait beau essayer de calmer la situation, rien ne changeait. « C'est moi qui vais te mettre une tarte si tu continues alors boucle-la avant que je te file une bonne raclée. » Et voilà que Chanel elle même avait réussi à fermer le claper de la majorité des blocards. Mais ce fut de courte durée, une réflexion fusa et les fous rires repartirent. Newt ne tenta plus rien et les regardait, désespéré par leur comportement. La fille se pencha alors devant lui, il avait du mal à comprendre ce qu'elle disait avec le brouhaha ambiant. « Alors écoutes-moi bien tocard, tu vas vite calmer ta bande de copains dégénérés ou je vais te faire bouffer ta langue, c'est clair ? ». Alors qu'elle s'éloignait, hors d'elle, Newt ne pu s'empêcher de lâcher un « C'est pas comme si j'essayais depuis tout à l'heure. » et il pensa qu'elle avait beaucoup de chance que ce soit lui, parce que si elle avait menacé Aiden, ça aurait suffit à l'exiler. « Ah, c'est donc ça, sauvage ! ». Le jeune homme lança un regard plein de haine à Minho pour lui faire comprendre son ressenti. Celui-ci se tût, ainsi que les autres blocards. Alors que Newt se raclait la gorge pour parler, Thomas se leva, en fureur, et sortit de la pièce. Un des hommes présents se leva et s'énerva un peu contre les blocards qui se calmèrent presque immédiatement. Newt le remercia intérieurement puis il regarda un à un les matons présents. « Je me fou de ce que vous pensez, je me fou de savoir si vous aimez cette fille ou non mais je vous jure que si vous ne vous contrôlez pas un minimum, je vous promets que vous aurez de gros ennuis. Il y en a marre de votre comportement complètement déplacé et immature, je ne suis pas votre mère putain, gérez vous tout seul ! » Voyant que sa mise en garde avait instauré le silence à la table, Newt chercha Thomas du regard mais ne le trouva pas. « Et je vous demanderais de ne plus vous adressez comme ça à Tommy, ok ?! » Sur ce, Newt se leva et adressa un signe de tête au vampire qui s'était interposé, signe de gratitude, ou d'excuse.

Alors qu'il allait sortir de la pièce, il remarqua Chanel adossée contre un mur, à l'écart. Il mit longtemps à se décider de la rejoindre après le manque de tact dont il avait fait preuve quelques minutes auparavant. Il s'appuya sur le mur à côté d'elle. « Tu sais, tout à l'heure... Je ne voulais pas te blesser. C'est juste que, je ne... Je ne suis pas trop dans ces histoires de cœur et de tout, ce n'est vraiment pas mon truc, les autres ne pensent qu'à ça... » Chanel ne bougea pas. Newt ne pu retenir un sourire, cette fille lui faisait un peu penser à Minho. « Pourquoi tu es partie comme ça ? » La jeune femme éclata d'un rire cristallin qui sonna extrêmement faux aux oreilles du tocard mais ne répondit pas. « Ça ne répond en rien à ma question. » Elle se tourna alors vers lui, les yeux lançant des flammes, Newt s'attendait à une avalanche de reproche. Mais contre toutes attentes elle se laissa retomber contre le mur. Peut-être avait-elle compris qu'il n'était pas aussi débile que ces congénères. Ou que simplement elle ne voulait vraiment pas lui parler, ce qui était assez compréhensible.

La jeune femme venait tout juste de se mettre à distance pour s'écarter des autres blocards mais cela fût de courte durée. Newt tentait toujours de calmer ses congénères qui riaient encore en faisant des réflexions désobligeantes. « C'est pas comme si j'essayais depuis tout à l'heure. » Thomas sortit en trombe du réfectoire sans qu'elle puisse avoir le temps de le rattraper. Le bruit devenait de plus en plus insupportable avec toutes ces discussions qui fusèrent à travers la pièce. Elle était à deux doigts d'hurler pour les faire taire mais quelqu'un les assagit à sa place. « Et si vous la fermiez, vous tous. » Chanel ayant entendu cette réplique spontanée et franche, se retourna pour apercevoir un jeune homme qui était placé en bout de table. Les Matons se tournèrent tous vers lui, tandis qu'il continuait de se lamenter à son tour. « Exactement, vous m'emmerdez autant que vous l'emmerdez elle avec vos questions stupides, j'aimerais juste pouvoir manger en paix. Elle ne va pas s'envoler alors laissez lui au moins le temps d'un repas avant de l'assaillir avec toutes vos histoires idiotes. »

Enfin un blocard qui prenait son parti et qui avait un avis similaire. La brune lui lançait alors un large sourire en guise de gratitude pour sa considération. « Merci pour ton soutien. » Le groupe se tût enfin et Newt pu donner son ressenti dans le calme qui s'était installé de nouveau. « Je me fou de ce que vous pensez, je me fou de savoir si vous aimez cette fille ou non mais je vous jure que si vous ne vous contrôlez pas un minimum, je vous promets que vous aurez de gros ennuis. Il y en a marre de votre comportement complètement déplacé et immature, je ne suis pas votre mère putain, gérez vous tout seul ! » Plus de gloussements, les jeunes hommes baissèrent tous la tête, y compris Minho qui ne pipait plus un mot. « Et je vous demanderais de ne plus vous adressez comme ça à Tommy, ok ?! »

Le silence enfin instauré, les blocards terminèrent leur repas sans bougonner. Le co-leader du Bloc s'approchait ensuite de la brune et la rejoignait hésitant, en s'appuyant contre le mur juste à côté. « Tu sais, tout à l'heure... Je ne voulais pas te blesser. C'est juste que, je ne... Je ne suis pas trop dans ces histoires de cœur et de tout, ce n'est vraiment pas mon truc, les autres ne pensent qu'à ça... » Il venait tout juste de s'excuser auprès d'elle, une grande première. « Alors comme ça je suis trop sauvage ? » Elle ne pu s'empêcher de rire en voyant son air désolé. Il s'attendait sûrement à la voir l'assaillir de reproches mais elle ne lui en voulait pas. Le blondinet était plutôt sympathique malgré son air autoritaire. « Pourquoi tu es partie comme ça ? » Sa question était assez stupide car il savait très bien la réponse. Chanel riait alors nerveusement en se laissant tomber contre le mur. « Ça ne répond en rien à ma question. » La jolie humaine sut alors qu'elle devait répondre si elle voulait qu'on arrête de lui poser des questions. « Tu veux vraiment savoir pourquoi je suis partie comme ça ? Parce que je n'apprécie guère le comportement de tes amis. Depuis mon arrivée vous n'arrêtez pas de m'interroger en m'accusant à tort. Je sais que vous n'avez pas vu de filles depuis plusieurs années, alors vas dire à ce tocard de Minho qu'il évite de jouer son mâle en rut. » Elle en avait assez qu'on la juge sans la connaître et qu'on lui file l'étiquette de la soit-disant petite amie de Thomas. Certes, ils sont très proches mais cela ne les regardait absolument pas. Elle se retournait ensuite vers Newt en fixant Alessandro. « Qui est-il ? »

À sa grande surprise, Chanel n'avait pas l'air de trop lui en vouloir, voir pas du tout.
« Tu veux vraiment savoir pourquoi je suis partie comme ça ? Parce que je n'apprécie guère le comportement de tes amis. Depuis mon arrivée vous n'arrêtez pas de m'interroger en m'accusant à tort. Je sais que vous n'avez pas vu de filles depuis plusieurs années, alors vas dire à ce tocard de Minho qu'il évite de jouer son mâle en rut. » Newt ne pu s'empêcher de rire devant la remarque de la jeune femme, non parce qu'elle avait tort mais parce qu'elle avait réussi à bien cerner cet abruti de Minho. Chanel le regarda d'un drôle d'air et contre toute attente, se mit à rire elle aussi. « En fait, Minho est toujours comme ça, même avec les tocards. Alors maintenant que des filles sont arrivées... Mais bon, je pourrais aller lui parler, je ne pense pas que ça change grand chose mais ça ne me coûte rien. » Il fit face à Chanel qui semblait s'amuser de la façon dont il parlait de son ami.

La brune se tourna alors vers la table et montra un des blocard d'un signe de tête, Alessandro. « Qui est-il ? » Newt pinça les lèvres et devant l'air insistant de la jeune femme, répondit. « Il s'appelle Alessandro, un vampire. » Chanel ne sembla pas comblée de sa réponse alors Newt soupira. « Que veux-tu savoir de lui exactement ? » Elle s'empressa de répondre. « Son histoire. » Le jeune homme afficha un air interrogateur mais se résolut à répliquer. « Tu sais, Aless n'est pas très ouvert, je ne sais pas grand chose de lui... » La jeune femme soutient son regard. « Bien. Il est arrivé il y a assez longtemps, il me semble qu'il était l'un des premiers vampires. On dirait qu'il déteste tout le monde comme ça mais il est assez sympa... Au moins il n'est pas aussi stupide que le reste des Matons. » Chanel pouffa mais ne sembla pas pour autant satisfaite de la réponse. « Au pire, va lui parler. » La jeune femme afficha un sourire, une première pour la soirée aux yeux de Newt.

L'humaine observait Newt qui riait. Apparemment sa précédente réflexion semblait l'amuser grandement, bien que ce n'était pas l'objectif visé au départ. « En fait, Minho est toujours comme ça, même avec les tocards. Alors maintenant que des filles sont arrivées... Mais bon, je pourrais aller lui parler, je ne pense pas que ça change grand chose mais ça ne me coûte rien. » Elle trouva que c'était inutile que le blondinet aille raconter à son ami ce qu'elle pensait à son sujet. Elle n'avait point envie d'en discuter davantage, après ce comportement insensé des blocards à son égard. La jeune femme décida donc de passer à autre chose et détourna son attention sur Alessandro. Le brun avait pris la parole seulement quelques minutes plus tôt pour la défendre en quelque sorte et en donnant par la même occasion le fond de sa pensée. « Il s'appelle Alessandro, un vampire. » Son prénom avait une consonance italienne. Chanel regardait cependant Newt quand il prononça le mot vampire. « Un quoi ? » Sûrement encore l'une des plaisanteries du blocard.

La brune n'eut pas le temps de poser davantage de question, qu'il enchaîna. « Que veux-tu savoir de lui exactement ? » Elle ne savait pas vraiment quoi rétorquer, étant mitigée entre curiosité et attirance. « Tu sais, Aless n'est pas très ouvert, je ne sais pas grand chose de lui... » Cela ne fît qu'amplifier son désir d'en savoir plus. Comme fascinée, elle souhaitait récolter d'autres informations. « Bien. Il est arrivé il y a assez longtemps, il me semble qu'il était l'un des premiers vampires. On dirait qu'il déteste tout le monde comme ça mais il est assez sympa... Au moins il n'est pas aussi stupide que le reste des Matons. » Elle laissa échapper un petit rire. Ce jeune homme semblait froid d'apparence, mais aimable quand on le connaissait mieux. « Au pire, va lui parler. » Chanel adressa un sourire à Newt et se décida enfin à se lancer. En croisant le regard d'Alessandro, elle lui fît un léger signe de la main avant de contourner la table des Matons. « Très bien. Je vais aller lui parler. » La brune adressa un dernier sourire au blond et se dirigea d'un pas félin et délicat vers Aless.

Sa réplique eut un effet immédiat sur l'enthousiasme des blocards à harceler la jeune femme ainsi, Newt intervint alors, achevant les derniers commentaires. Chanel parut tout aussi surprise que les autres blocards qu'Alessandro haussa la voix, il n'était pas très ouvert aux autres et ses rares paroles l'avaient vite fait respecter. Alors si Alessandro se plaignait les blocards savaient qu'il commençait à être vraiment agacé, et comme tout vampire il était craint. La jeune femme l'avisa un court instant pour le remercier « Merci pour ton soutien. » dit-elle calmement avant de s'éloigner. Alessandro, lui, avait déjà remit le nez vers son assiette, son intervention était en premier lieu pour sa tranquillité, mais les remerciements de la jeune femme venait de lui donner une idée. S'il aiderait Chanel à l'avenir ça ne serait plus un dommage collatéral, se serait tout à fait volontaire.

Ah qu'il aimait être un vampire ! Surtout ses sens décuplés, grâce à son ouïe il pouvait entendre de sa place la discussion entre Newt et Chanel...à propos de lui. La jeune femme questionna le jeune homme à propos du vampire. Ahh les femmes, aidez les une fois et elles sont déjà accros ! Alessandro esquissa un sourire, la suite de la conversation serait décisive pour ses plans. « Tu sais, Aless n'est pas très ouvert, je ne sais pas grand chose de lui... Bien. Il est arrivé il y a assez longtemps, il me semble qu'il était l'un des premiers vampires. On dirait qu'il déteste tout le monde comme ça mais il est assez sympa... Au moins il n'est pas aussi stupide que le reste des Matons. Au pire, va lui parler. » Excellent tout ceci était parfait, hormis que Chanel est tiqué lorsque Newt évoqua le mot vampire la brunette semblait tout à fait suivre les plans. « Très bien. Je vais aller lui parler. »

A ces mots Alessandro replongea son regard vers son assiette, feignant la surprise lorsqu'elle arriva alors à sa table et demanda : « Puis-je m'asseoir ? » Il esquissa alors un hochement de tête en esquissant un léger sourire avant d'enfourner une pleine fourchette dans sa bouche. Un doux silence s'installa entre les deux jeunes gens, l'humaine et la prédateur, l'agneau et le loup. Elle semblait se creuser l'esprit pour engager la conversation, en vain, ce qui amusa beaucoup le jeune homme. Accablée de n'avoir rien trouvé Chanel se leva de table et s'éloigna en cuisines pour aider les autres Matons.

Quelques minutes plus tard Alessandro se leva à son tour, se dirigeant à grand pas vers la sortir, lorsqu'au même moment Chanel sortait en trombe. La collision fut immédiate. « Excuse-moi. C'est de ma faute, je ne regardais pas où j'allais. » dit- elle en scrutant les prunelles du vampire. Ce dernier esquissa un sourire et lorsque la jeune femme voulut se décaler sur le côté il fit de même, tel l'effet miroir. Il lui laissa alors la voie libre alors que derrière eux Poêle-à-frire hurlait de libérait le passage.

Alessandro se retourna vers la jeune femme, sondant ses prunelles noisettes, si fragile...si humaine. D'ici il pouvait sentir la délicieuse odeur de son sang, depuis combien de temps n'avait-il pas mordu dans une veine ? Trop longtemps ! Mais il avait d'autres projets pour Chanel, des projets bien plus satisfaisants que d'en faire son prochain apéritif dînatoire. Dans leur dos Poêle-à-frire hurla envers les autres matons en cuisine, Alessandro esquissa un rictus. Qu'il pouvait criait fort celui là parfois. Le vampire jeta un regard derrière lui avant d'aviser Chanel.

« Nous n'avons même pas été officiellement présenté, mon nom est Alessandro. Et je suppose que tu la fameuse révolutionnaire, première de la gente féminine et porteuse de tous les mauvais augure. Chanel n'est-ce pas ? »

Newt observa la jeune femme se diriger vers la table d'un pas mal assuré, ne comprenant pas pourquoi les vampires étaient tellement redoutés. C'était les seules personnes que le jeune homme trouvait lucides au Bloc. Hormis Chanel, peut être que c'est dû au fait que ce soit une femme pensa-t-il. En tout cas, si elles étaient toutes comme elle, l'environnement des blocards pourrait enfin être tranquille... Non, il ne faut pas trop rêver non plus.

Chanel s'assit à côté du vampire dans le calme le plus total, Newt aurait pu partir mais il ne pouvait pas pour de bonnes raisons. Premièrement, que le dirigeant, même temporel, soit dans les premiers à partir était mal vu. Deuxièmement, il aimait regarder la manière dont fonctionnaient les personnes et troisièmement, il eut beau chercher une autre raison il ne la trouva point.

Il retourna à la table pour débarrasser son assiette et faire la vaisselle afin d'aider Poêle-à-frire. Il lançait des regards à la jeune femme, voir ce qui se passait, mais à chaque fois il la voyait pensive, peut être ne savait-elle pas comment s'adresser à lui. Réalisant qu'il perdait son temps et que ces histoires ne le regardaient pas, il se résolut à aller chercher Thomas. En se levant il adressa un signe de tête aux Matons et à Chanel, Minho le regarda en haussant un sourcil. « Je vais chercher le bleu, en attendant si vous pouviez éviter de vous entre-tuer ça m'éviterait de devoir envoyer un de vous en la charmante compagnie de nos amis les Griffeurs. » Gally se leva. « C'est une menace, Chef ? » Il avait volontairement insisté sur le mot de la fin, croyant que ça aurait fait de l'effet. « Un avertissement. » Sur ce il partit, bien trop énervé par les événements de la soirée et sachant éperdument que parler avec lui ne l'avancerait à rien.

Le jeune homme avait rejoint tous les blocards en compagnie de Chanel pour le repas. La spacieuse cabane renforcée au fil des années semblait à la fois sur le point de s’effondrer et capable de tenir encore des siècles. Le brun frémit quand l’odeur de la soupe vint chatouiller ses narines dès qu’il pénétra dans la chaleureuse ambiance. Son estomac gronda et il eut un sourire en coin. Cela lui paraissait tellement loin le fait de partager un repas réconfortant et pourtant ce moment remontait à la veille au soir. Il se détendit presque immédiatement, oubliant les précédents incidents et s’enfila à la suite des blocards, Chanel derrière lui. Il se glissa sur le banc de la table des Matons, s’asseyant en face de Minho, lui-même placé à côté de Newt. Chanel le rejoignit et il se figea, attendant la réaction des autres blocards. Elle dût sentir le regard des autres et amorça son départ. Mais le blond la retint avec fermeté, refermant ses doigts fins autour de son poignet. Thomas le remercia d’un petit regard qu’il capta directement et le repas débuta. Oubliant ce qui se tramait autour de lui, le brun dégusta avec un soupir de soulagement son dîner et ce ne fut que quand Minho lui fila un coup de coude dans les côtes qu’il revint à la réalité.

« Ce tocard a plus de tripes que j’en ai vu grésiller dans ma poêle depuis un an. Allez, c’est ridicule il a sauvé Aiden et réussi à tuer un foutu Griffeur, et on est assis là, à discuter de ce qu’il faut faire de lui. Sa copine a l'air d'en savoir plus que nous. J'ignore qui elle est mais Tommy semble la connaître. »

Il sursauta à ce contact et tendit alors seulement l’oreille. Chanel rétorqua avec son éternelle pointe d’insolence et il lâcha un rire bref. Cela n’allait pas leur plaire, très clairement. Newt parla de sa voix suave et traînante habituelle avant de demander l’avis de Minho quand à son sort. Et là, le brun répondit ce qu’il n’aurait jamais pensé. « Je pense qu'il fera un excellent coureur. » Le silence qui s’ensuivit fut représentatif de ce que ressentait Thomas. Coureur ? Les fou-rires fusèrent brusquement et le brun ne se sentit même pas vexé tant il était choqué par l’annonce de Minho. Il voulait le nommer Coureur. Comme ça. Alors qu’il n’avait pas suivi de formation ni même visiter la salle des cartes. Certainement parce que Aiden était très poche de Minho mais quand même. Les discutions reprirent mais Thomas s’en désintéressa complètement, n’écoutant que très distraitement ce qu’il se disait, y compris Chanel qui lui jetait des coups d’œil.

« Bon, Thomas, j'espère que tu es prêt parce que ta vie ici commence demain.  » La voix de Minho le tira de ses pensées et il se réchauffa comme brusquement. Ciel, mais tout cela était bien réel. Il deviendrait Coureur et allait accéder au Labyrinthe et à tous ses mystères. Il ne se sentait plus vide ou surpris mais juste excité à l’idée d’avoir atteint son but. En quelques  jours. Il se redressa, affichant un immense sourire et reçut quelques bourrades amicales des blocards avec qui il s’entendait bien tandis que la plupart lui jetait des regards mauvais. Ignorant tout cela, il se reconnecta à la réalité, refoulant sa joie. Il repoussa le dessert terminé et prit appui sur la table avec les coudes, écoutant les discussions qui s’animaient. Puis au bout de quelques instants les bancs grincèrent sur le sol et la foule se leva d’un même mouvement. La plupart sortirent en vitesse ne laissant que les concernés et les filles dans la salle. Le brun se tourna d’ailleurs vers la table où elles se trouvaient toutes et sourit à l’une qui le regardait. Agitant la main brièvement, il lui lança un regard compatissant. Ce n’était pas facile de s’intégrer et il le savait mieux que quiconque. Tous disaient qu’il avait un instinct de leader mais il se savait juste courageux pas du tout fait pour se faire des amis et encore moins extraverti. Il voulut les rejoindre mais Minho le tira par le bras et il lui passa un savon dans les cheveux. Surpris par sa tactilité soudaine, il se dégagea en riant et observa ensuite Chanel et Newt, taquinant le brun dès qu’il avait les yeux tournés. Il rit quand le blond fit une réflexion sur son ami et ses épaules se détendirent. C’était sa nouvelle maison, et eux, sa nouvelle famille.

Puis la suite se passa très vite, un des blocards fit une remarque déplacée et tout s’enchaîna. Il plissa les yeux et fronça les sourcils lorsqu’un manqua de respect à Chanel et fit volte face pour voir qui avait dit cela. Ils se turent tous et le fixèrent avec une innocence feinte. Sentant la rage poindre son nez, il se mordit la lèvre inférieure et les regarda de biais, ses prunelles lançant des éclairs. Puis Minho et Newt continuèrent, poussant un peu trop loin les blagues et Chanel éclata la première. Le silence fut immédiat ; personne n’était habitué aux changements d’humeur de la brune et même lui s’habituait seulement. « C'est moi qui vais te mettre une tarte si tu continues alors boucle-la avant que je te file une bonne raclée. Alors écoutes-moi bien tocard, tu vas vite calmer ta bande de copains dégénérés ou je vais te faire bouffer ta langue, c'est clair ? » Le brun se tendit imperceptiblement et eut l’impression de ressentir la colère de la jeune femme s’insinuer en lui. La fraîcheur mêlé de chaleur ardente réapparut de nouveau, se diffusant à une vitesse affolante dans son sang et la pulpe de ses doigts le chatouilla. Déglutissant et fermant les poings, il se détourna et sortit d’un pas rageur. Lui-même ne comprenait pas totalement la réaction mais il savait que Chanel s’en sortirait très bien sans lui. Il avait juste besoin d’air. Il entendit vaguement un blocard parlé mais il frappa la porte et sortit à la volée sans écouter le reste. L’air frais l’enveloppa brusquement et l’humidité le mordit jusqu’à ses os. Il continua de marcher puis son rythme s’accéléra progressivement et il se retrouva à courir jusqu’à la Boîte. Essoufflé, il s’y arrêta et se laissa tomber dans l’herbe mouillée, s’allongeant de tout son long. Sa vue se brouillait de flashs noirs et blancs, le sang battait dans ses tempes mais cette course eut l’effet de dissiper tout ce qu’il avait ressenti en quittant la Cabane. Il laissa ses prunelles se balader sur le plafond bleu nuit et se concentra à calmer sa respiration.

Le vampire la scruta un instant avant de lui laisser la voie libre, tandis que Poêle-à-frire hurlait afin qu'ils s'écartent du chemin. Les deux blocards se placèrent dans un recoin près de la porte d'entrée du réfectoire, et la jeune femme s'appuya contre le mur quand Aless prit la parole. « Nous n'avons même pas été officiellement présenté, mon nom est Alessandro. Et je suppose que tu es la fameuse révolutionnaire, première de la gente féminine et porteuse de tous les mauvais augures. Chanel n'est-ce pas ? » Il esquissa un petit rictus et se pencha légèrement vers elle comme pour observer de plus près son visage. Elle émit un petit rire et replaça une mèche de sa chevelure brune derrière son oreille. Décidément tout le monde connaissait déjà son prénom, la discrétion n'était certainement pas de rigueur ici. « C'est bien cela, je suis la nouvelle tocarde du Bloc. » Certains la voyaient comme une menace, tandis que d'autres ne comprenaient toujours pas son arrivée. Mais elle ne pouvait plus rejeter la faute sur qui que ce soit maintenant, car elle n'était pas la seule à ne pas comprendre la situation. Désormais il était temps de s'intégrer et de faire connaissance avec le reste des blocards avec qui elle allait passer les prochains jours, voir les prochains mois. Alessandro était la parfaite occasion pour tenter de créer un contact. Il aiguisait sa curiosité, et il y avait quelque chose de différent chez lui, comme quelque chose de surnaturelle. En regardant ses prunelles, on aurait dit un instant que de minuscules veines se dessinaient sous ses yeux. Elle repensa alors à l'évocation du mot vampire. Sûrement son imagination.

Newt la tira de ses rêveries quand il passa juste à côté afin de sortir à l'extérieur. « Je vais chercher le bleu, en attendant si vous pouviez éviter de vous entre-tuer ça m'éviterait de devoir envoyer un de vous en la charmante compagnie de nos amis les Griffeurs. » Il allait chercher Thomas. D'ailleurs où était-il passé ? La brune n'avait pas eu le temps de le rattraper. Il était parti en trombe de la pièce, apparemment énervé. Elle jeta un coup d’œil à Newt avant de positionner de nouveau son regard sur Aless. « Il paraît que tu es là depuis un bon bout de temps, non ? » Elle se mit alors à aller à la pêche aux informations afin de récolter des réponses supplémentaires. Le vampire l'intriguait et elle pensa qu'il pourrait peut-être lui divulguer plus de précisions sur le Bloc ainsi que sur le Labyrinthe.   

Chanel discutait tranquillement avec le jeune homme quand elle se tourna un instant et vît Thomas faire irruption dans la pièce, suivit de Newt. Il s'était passé environ une heure avant que le co-leader des blocards le retrouve. Sûrement était-ils restés dehors un instant afin de papoter plus calmement eux aussi. Certains jeunes hommes avaient quitté la salle du réfectoire pour commencer à installer les lits afin de loger les filles. Elles allaient dormir pour leur première nuit, à l'abri dans la cabane faisant office de dortoir. Certes il n'était pas très grand mais elles tiendraient toutes à l'intérieur, tandis que les jeunes hommes avaient l'habitude de se poser dans des hamacs noués autour de troncs d'arbres. Une dizaine de blocards s'étaient attelés à la tâche, les autres finissaient de ranger ou de débarrasser les tables alors que les Matons conversaient toujours. L'humaine adressa un léger sourire à Thomas qui s'avançait dans l'allée. Il arborait une mine fatiguée et blasée. La journée avait été longue.

Lorsqu'il sortit de la cabane, Newt sentit la fraîcheur du soir lui chatouiller le visage. Mais ça ne suffit pas à refroidir le feu qui brûlait en lui depuis la discussion quelque peu mouvementée qui venait d'avoir lieu. Il ressentait le besoin horrible de s'évacuer les poumons, de crier ce qu'il avait sur le cœur. La dernière fois que les blocards avaient été autant indisciplinés, remontait à un jour qu'il s'était décidé d'effacer de sa mémoire. Mais cette violente altercation avait remit le feu aux poudres et il comprit très vite que si Aiden ne se rétablissait pas rapidement, il ne pourrait assumer ce poste plus longtemps. Cependant sa rage n'était pas dirigée uniquement vers ses congénères mais également contre lui qui n'avait pas réussi à faire honneur à la place que lui avait donné le chef.

Autrefois pour se défouler, Newt se mettait à courir à travers le Bloc jusqu'à l'épuisement total, mais sa cheville le rappelant à l'ordre dès lors qu'il commença ses foulés, il ralentit et se résigna à couper du bois à coups de poignard. Sa rage se laissait paraître à travers ses gestes, ses bras. Les veines de ses membres ressortaient sous le coup de l'effort, et de la sueur commençait déjà à perler sur son front, cependant il continua. Il n'avait pas le choix, c'était le seul moyen de ne pas aller fracasser quelques abrutis au réfectoire. Il criait de colère, de douleur et de frustration. Grâce au ciel qu'il ait acquit un self-contrôle pouvant traverser bien des épreuves, mais il fallait bien avouer qu'à ce moment, si ce pauvre rondin aurait été un homme, il serait massacré dans d'horribles souffrances.

Il arrêta quand il aperçut une silhouette couchée dans l'herbe, non loin de la Boîte. Il y avait qu'une seule personne pour s'allonger dans l'herbe par un temps aussi humide, sans avoir peur de se faire manger par les bestioles. « Bordel, le bleu... » Newt lâcha son poignard, inspira un grand coup ayant pour but de se calmer et partit d'un pas décidé vers le jeune homme. Celui-ci était un des seuls que les blocards n'avait pas encore transformé en abruti, et un de ses véritables amis. Thomas lui tournait le dos, il semblait très occupé à scruter le ciel. Newt s'installa tranquillement à ses côtés et lui donna une bourrade amicale. Le brun l'ignora. « Putain Tommy, il ne faut pas t'arrêter à tout ce que dit Minho, tout le monde sait qu'il est idiot. » Le jeune homme continuait à l'ignorer. « Bon... Écoute mec, c'est ou tu restes là à faire ton pleurnichard, et les autres vont te traiter de plonk jusqu'au mois prochain, soit tu te décides à lever ton cul et tu retournes les voir pour leur expliquer ta façon de voir les choses. Je te jure que je préférerais que tu choisisses la deuxième solution, parce que je ne compte absolument pas passer la nuit, le postérieur posé dans la boue à essayer de persuader un bleu qui ne sait même pas pourquoi il est là. » Cette fois Thomas se tourna vers le blond et lui adressa un sourire avant de lui rendre sa bourrade dans un éclat de rire. Puis il retrouva son air sérieux, il voulait parler.

Chanel l'observait avec attention, le brun semblait avoir aiguisé l'attention de la jeune femme. Tant mieux, ainsi tout ce passait comme prévu, exactement comme prévu. Pendant quelques instants ils ne dirent plus rien, se regardant avec attention. Le contact s'était crée. Newt débarqua alors, cherchant visiblement Thomas. L'arrivée du blocard surpris Chanel, mais pas Alessandro. Non le vampire l'avait entendu de loin, d'ailleurs le ton était monté d'un cran de l'autre côté, s'ils finissaient par s'entre-tuer avant la fin de la semaine il n'en serait pas surpris. L'arrivée de Chanel avait provoqué une hausse de tension considérable et les esprits s'échauffaient alors très rapidement. Sachant le Bloc rempli de vampires affamés, de loup-garous colériques, de sorciers puissants et d'une bande de jeunes femmes arrivant au compte-goutte... Si ça ne ressemblait pas à une mauvaise télé-réalité cela se destinait à finir en bain de sang.

« Il paraît que tu es là depuis un bon bout de temps, non ? » Le brun haussa un sourcil, alors comme ça la demoiselle s'intéressait à présent à lui en particulier. A cette idée il esquissa un sourire en coin « C'est exact. Cela fait deux ans que je suis là. » commença le brun d'un ton neutre pour ensuite continuer d'un air plus intéressé « Tu m'as l'air d'une vraie curieuse toi, je me trompe ? » En plein dans le mille, évidemment qu'elle était curieuse, cela se sentait à des kilomètres à la ronde. Le problème c'était qu'ici on n'aimait pas la curiosité, il fallait se satisfaire du peu de réponse qu'on avait et ne pas les remettre en question, surtout pas. Et surtout...il fallait accepter que de nombreuses questions demeureraient sans réponse.

La brune se tourna un instant, lorsque Thomas fit irruption dans la pièce aux côtés de Newt. Alessandro observa la jeune femme lorsque celle ci vit le garçon arriver. Il y-avait quelque chose entre eux c'était indéniable, de l'amour ? Cela semblait peu probable, mais un lien d'amitié indéfectible se sentait, malgré l'amnésie commune. Le vampire se pencha alors vers la jeune femme et murmura « Tu ne vas pas pouvoir nier plus longtemps qu'il y a quelque chose entre vous deux, ça se sent à des kilomètres. » lorsqu'il eut alors l'attention de la jeune femme il reprit avant qu'elle ne puisse riposter « Ici peu apprécient ta curiosité, mais si tu veux des réponses... Je t'en donnerais volontiers. Mais pas maintenant. Demain soir.  »

Il esquissa un sourire et recula d'un pas, jetant un regard vers Thomas il reporta alors son attention sur la brune « À demain Chanel la Curieuse. » La brune viendrait, il en était sûr. Elle voulait des réponses, elle en aurait. Lui seul allait lui donner les réponses qu'elle voulait, les autres feront comme à tous les autres, hommes ou femmes, ils dévieront leurs questions, ils se déroberont. Peut-être l'ont-ils déjà fait, aiguisant alors encore plus la curiosité de la jeune femme. Mais une chose était sûre ; elle voulait des réponses, et Alessandro venait de s'offrir à y répondre sans contrepartie, ou presque. Tout ce passait exactement comme prévu, sauf que Chanel s'était embourbée sans connaître les plans.

Thomas scrutait toujours le ciel avec la même intensité, faisant abstraction complète de son environnement. Ce ciel il avait certainement dû le voir des centaines de fois dans sa vie auparavant. Mais celui-là, lui paraissait beaucoup plus noir, plus saisissant et pour une raison inexplicable, plus intimidant. Certainement le fait qu’on arrive à n’en voir qu’une parcelle. Les murs obstruaient la vue et malgré le fait que le Bloc soit relativement étendu, ils restaient tout de même enfermés dans une parcelle parfaitement carrée. Et ça le rendait dingue. Car il n’y avait aucun moyen d’en sortir. Les paroles de Minho lui revinrent à l’esprit. « Je pense qu'il fera un excellent coureur. » Il allait être coureur, demain, à l’aube, il partirait et se tiendrait au pied des interminables murs et il les franchirait mais sans en être empêché cette fois-ci. La dernière fois, il y avait été contraint par son instinct beaucoup trop insouciant –et une grande partie d’humanité aussi- pour aller sauver Aiden. Mais là il pourrait accéder à ce secret qui le turlupinait depuis bien trop longtemps. Il poussa à nouveau un long soupir et se passa les mains sur le visage. Toute sa colère était retombée et maintenant il pensait. Il fallait bien quelque chose pour remplir cette cavité crânienne dénuée de souvenirs et de connaissances. L’herbe se froissa près de lui et il se retourna pour faire face à Newt, qui lui frappa gentiment l’épaule. Il eut un petit sourire en coin mais ses yeux observaient le vague. Il avait besoin de mettre de l’ordre dans ses pensées. Le jeune homme était quelqu’un de très compliqué à appréhender mais aussi à comprendre. On ne savait jamais sur quel pied danser avec lui mais c’est ce qui faisait sa particularité. Thomas n’avait rien fait de spécial hormis être naturel mais le courant était directement passé, car il avait également été le seul à l’accueillir et surtout à le rassurer. Il entendit le blondinet lui parler de loin. « Putain Tommy, il ne faut pas t'arrêter à tout ce que dit Minho, tout le monde sait qu'il est idiot. » Il ne releva pas, continuant d’ordonner et de sélectionner ce qu’il devait lui dire. Mais Newt ne décrocha pas et insista. « Bon... Écoute mec, c'est ou tu restes là à faire ton pleurnichard, et les autres vont te traiter de plonk jusqu'au mois prochain, soit tu te décides à lever ton cul et tu retournes les voir pour leur expliquer ta façon de voir les choses. Je te jure que je préférerais que tu choisisses la deuxième solution, parce que je ne compte absolument pas passer la nuit, le postérieur posé dans la boue à essayer de persuader un bleu qui ne sait même pas pourquoi il est là. » Cette fois ci, Thomas cligna des yeux et se redressa sur les coudes pour le regarder dans les yeux. Il se mordit l’intérieur des joues, analysant ce qu’il venait de lui dire. Puis il éclata de rire. Ils se bousculèrent quelques instants avoir de reprendre peu à peu leur sérieux. Puis le brun répondit finalement d’une voix extrêmement posée quoique peu assurée.

« Je m’en fou de ce qu’a dit Minho, il parle toujours trop mais je l’aime bien. Mais je sais pas ce qu’il m'a pris. J’ai ressenti une colère en moi, que j’ai préféré partir. » Il écarta les doigts autour de son cœur, les sourcils froncés et secoua la tête. « Peu importe, je voulais te parler de quelque chose Newt. » Il se redressa un peu et finit par s’asseoir à côté de son ami. « Avec Chanel on a longuement parlé du Bloc, du Labyrinthe, de cette histoire et de nous aussi. » Il rougit légèrement mais continua. « Et… on a trouvé une théorie quant à cet endroit. Je sais, c’est brusque et vachement suspect mais c’est pour ça que j’en parle à toi et personne d’autre. Les souvenirs nous reviennent de façon floue mais il n’y a que ensemble qu’on arrive à assembler les pièces du puzzle. Et Chanel m’a dit quelque chose qui m’a semblé jusque-là anodin mais en y réfléchissant plus, c’est totalement logique. Elle m’a dit que le Labyrinthe était un code. Et crois-moi ou non mais je pense qu’elle a raison. » Il s’arrêta là, se mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Depuis l’arrivée de Chanel, tout semblait se précipiter. Et cela l’effrayait tout autant que les autres. Les blocards disaient vouloir sortir mais la plupart d’entre eux flippaient rien qu’à l’idée de sortir de la cabane la nuit. Mais Thomas ne se sentait pas comme ça. Il voulait plus que tout quitter cet endroit et retrouver sa vie d’avant. Il en avait forcément une. C’était obligé, il ne pouvait biologiquement pas être né ainsi. Même la science ne le pouvait pas. Enfin il espérait. Inspirant longuement, il laissa retomber ses bras de ses genoux et posa ses paumes des mains dans l’herbe fraîche. Valait mieux ne pas affoler les autres. Mais il avait besoin de partager cette chose avec quelqu’un de confiance et il savait que Newt n’allait pas en parler, ou que aux personnes qui le méritaient et qui n’allaient colporter des choses à son sujet. Ou alors il cachait très bien son jeu. Le brun secoua la tête devant sa méfiance maladive et se leva souplement. Il s’étira une fois debout et se tourna vers le blond à qui il tendit la main. « Inutile cependant de s’alarmer. Encore faut-il en trouver la solution. » Il sourit et le blond fit de même, s’accrochant à son bras pour se redresser.

Une fois tous les deux debout, ils continuèrent de discuter, de tout et de rien, flânant les mains dans les poches et se dirigèrent vers l’abri où se trouvaient tous les hamacs destinés aux blocards. Ils se séparèrent ici, le blond partant pour une énième surveillance dans le Bloc ou tout simplement rejoignant un hamac plus isolé. Thomas, lui, resta à l’orée de l’abri, observant les lumières de la cabane où dormaient les filles. Il frissonna et se blottit dans un hamac. Il aurait le temps de parler avec Chanel demain, une fois sa première excursion terminée. L’excitation s’empara de son estomac et un sourire niais étira ses lèvres. Il avait hâte, vraiment hâte mais à la fois peur. Il avait écouté les rumeurs et elles semblaient s’affirmer un peu plus chaque jour. Il avait déjà fait face à un Griffeur et contrairement à ce que les autres croyaient, il en avait encore plus peur à présent. Il sombra doucement dans le sommeil, son esprit ralentissant peu à peu et lui laissant un peu de répit, l’espace d’une nuit.